Yoga

Le yoga traditionnel

Le yoga s’adresse à l’être humain dans sa globalité: il inspire une éthique, un art de vivre et initie une transformation du corps et de l’esprit. Il est considéré en Inde comme une science qui rassemble les connaissances, la sagesse, les explorations et expérimentations acquises et transmises depuis des millénaires.

Le mot yoga est issu de la racine sanskrite yug qui signifie « union ». Il s’agit de l’union d’énergies opposées et complémentaires, de l’union de toutes les dualités (le masculin et le féminin, la matière et la conscience, śiva et śakti, le souffle inspiré et le souffle expiré, etc).

La pensée indienne fait référence à une transmutation des énergies : de l’âme individuelle (ātman) vers l’absolu (brahman), ou esprit universel.

On peut dire que le yoga, c’est relier le corps, le mental et l’intelligence aux profondeurs de l’âme. C’est être pleinement intégré·e, depuis le corps jusqu’à la lumière de l’âme. C’est aussi être pleinement intégré·e avec les autres et son environnement.

 

Quel « yoga »?

On peut gravir un sommet de différentes manières, en empruntant des chemins différents. Certains chemins sont plus long ou plus sinueux que d’autres. Mais une fois en haut de la montagne, on s’aperçoit que si les chemins étaient différents, le point culminant, lui, est le même pour tous·tes.

Pour une symphonie, le compositeur ou la compositrice utilise différentes notes, rythmes, mouvements, et instruments qu’il ou elle assemble en suivant une méthode mais aussi en écoutant son inspiration. Ce sont tous ces éléments qui, intégrés les uns aux autres, nous offre un ensemble harmonieux.

De même, différents chemins mènent au point culminant du yoga. Différentes notes, instruments, inspirations et aspirations mènent à la symphonie du yoga. Différentes feuilles forment le feuillage de l’arbre du yoga. Rāja yoga, haṭha yoga, tantra yoga, bakti yoga, jñāna yoga, karma yoga, laya yoga ou encore kundalini yoga sont tous des chemins vers le yoga, qui est un.

Aujourd’hui, on découvre encore de nouvelles propositions avec toutes sortes de « nouveaux yoga », et pourquoi pas ? Il y a probablement autant de chemins que de personnes en ce monde, et loin de s’opposer les unes aux autres, toutes ces propositions tendent vers la même chose : l’unité, la reliance à ce que nous sommes profondément, la contemplation de l’âme.

Les confusions autour du mot « yoga »

Le mot « yoga » est devenu un terme répandu dans le monde. Il décrit souvent une pratique, une discipline, des techniques. Il arrive que le yoga soit confondu avec des positions acrobatiques, des exercices de respiration et de concentration (encore appelés méditation).

« Il est regrettable que tant de gens qui n’ont pas pénétré la profondeur du yoga voient dans ce chemin spirituel conduisant à la réalisation du soi une simple discipline physique, et dans la pratique du haṭha yoga rien d’autre qu’une sorte de gymnastique. Mais le yoga est plus que physique. Il est cellulaire, mental, intellectuel et spirituel ; il implique l’homme [et la femme] dans tout son être. » – B.K.S Iyengar.

Alors, est-il juste de dire/penser : « je fais du yoga 1h30 par semaine » ou même « je fais du yoga chaque matin » ? Cela a-t-il du sens ?

Peut-être pourrions-nous ajuster notre langage ainsi : « je me mets en chemin vers le yoga », « je commence une sādhanā (pratique régulière) » ?

Sādhanā et yoga

Entrer dans une pratique régulière, une sādhanā, nous accompagne vers plus de conscience, vers un recul clairvoyant et silencieux, vers l’harmonie.

La sādhanā aiguise notre capacité de discernement (viveka), ce qui conduit à redonner sa juste place à tout ce qui relève du domaine matériel, à se défaire des nos conditionnements, à prendre conscience des pièges du mental et de l’ego. Nous croyons que nous sommes seulement un corps et une personnalité. Le chemin vers le yoga élargit le champ de vision, donnant la possibilité de mieux appréhender notre nature véritable.

Une des bases de la pensée indienne est que l’être humain est à la recherche incessante du bonheur, car il ou elle ne détient qu’une infime partie de la connaissance, son esprit est voilé par l’ignorance, les peurs, les doutes. La sādhanā nous aide à soulever le voile de l’ignorance (avidyā) qui nous sépare de la connaissance, à dissoudre les déséquilibres, à développer et cultiver la détermination, la résistance et la concentration. Alors l’état de yoga apparaît et libère de la cogitation incessante du mental, apportant calme, sérénité et équanimité.

En entrant en sādhanā, nous sommes invité·es à la fois à nous relier au corps et à nous mettre en intimité avec notre intériorité. Cette connexion nous mène vers une meilleure connaissance de soi.

Il s’agit d’expérimenter par la pratique régulière. Il s’agit d’être disponible et présent·e, en portant une attention particulière à notre quotidien. Toute occasion peut nous amener à faire un pas vers le yoga.

La sādhanā est un chemin intérieur qui mène à l’état de yoga. Et le yoga survient, il ne s’enseigne pas.