Les mÔmes

Le yoga, pour les enfants ?

Il n’y a pas d’âge pour être en yoga. Il n’y a pas d’âge pour se mettre sur le chemin du yoga. D’ailleurs, les textes traditionnels sur le yoga ne réservent pas le yoga aux adultes.

Il suffit d’observer un·e être tout juste né·e pour comprendre que nous arrivons en ce monde relié·es à nous-mêmes. Son regard, sage, présent et profond peut même parfois dérouter tant il semble que cet·te être, à peine arrivé·e, en sait bien plus qu’il n’y paraît. La quiétude d’un·e tout·e petit·e nous gagne. Avec lui ou elle, nous sommes pleinement là, ici, présent·es, conscient·es. Les nouveaux nés et nées resplendissent de cette connaissance que nous avons oubliée. Ils nous enseignent, simplement, par leur exemple et leur présence, tel·les de grand·es maîtres·ses.

En grandissant dans une société comme la nôtre, petit à petit, la justesse de l’aube de la vie s’estompe. Le faire et l’avoir remplacent l’être. Nous nous mettons « hors de nous », tourné·es vers l’extérieur. Nous nous éloignons de ce que nous sommes. Nous oublions qui nous sommes.

Pourquoi attendre d’être devenu·e complètement étranger·e à soi-même pour se mettre sur le chemin du yoga ?

Attendons-nous de devenir adulte pour apprendre à parler ? C’est en étant bercé·e au son des mots quotidiennement depuis notre plus tendre enfance que l’on apprend à parler. Il en est de même pour de nombreux apprentissages.

C’est également en étant baigné·e dans une atmosphère harmonieuse et bienveillante que l’on apprend à prendre soin de soi, des autres, de notre environnement.

C’est en nous offrant le temps d’écouter nos ressentis dès le plus jeune âge que l’on apprend à reconnaître nos émotions, à les accueillir et à vivre avec paisiblement.

C’est en mobilisant le corps avec attention dès le plus jeune âge que l’on développe une posture juste, un ancrage, une liberté de mouvement et une liberté respiratoire, pourquoi attendre que le corps soit rempli de tensions ? Que nos diaphragmes soient bloqués ?

Les enfants sont par nature ici et maintenant. Ils et elles ne sont pas autant conditionné·es que nous, adultes. Ils sont curieux de tout, en quête permanente de découvertes et d’apprentissages. Ils se relient aux autres avec une extrême simplicité.

Pourquoi attendre que ces capacités et que cet état d’être s’altèrent pour leur enseigner l’essentiel ?

Que souhaitons-nous transmettre ?

« L’ignorant n’est pas celui qui manque d’érudition, mais celui qui ne se connaît pas lui-même. […] Ce que, de nos jours, on appelle instruction est une accumulation de faits, un savoir livresque qui est à la portée de toute personne sachant lire. […] L’instruction, dans le vrai sens de ce mot, est la compréhension de soi. […] Dans nos sociétés, nous envoyons nos enfants à l’école pour qu’ils apprennent un art ou une science qui leur permettront un jour de gagner leur vie. Nous voulons faire de notre enfant un spécialiste et espérons ainsi lui donner une situation économique sûre. Mais est-ce que l’enseignement nous rend capable de nous comprendre nous-mêmes ?  […] Bien qu’il soit évidemment nécessaire de savoir lire et écrire, de posséder un métier et de pouvoir exercer une quelconque profession, est-ce que cette sorte de savoir engendre en nous la capacité de comprendre la vie ? Bien sûr que non. Donc si la technique est notre seul but, nous nions manifestement l’essentiel de la vie. » – Jiddu Krishnamurti.

Il s’agit de transmettre aux enfants ce dont ils ont besoin pour s’élever par eux-mêmes et elles-mêmes, pour prendre leur envol, libres et paisibles. Le mot « élève » est souvent réduit à une personne qui reçoit un enseignement. Il a en fait en lui tout ce qu’il faut pour s’élever : l’enseignant est là pour accompagner l’envol, pour l’emmener vers ce qu’il est, pour éclairer le chemin de ses propres découvertes, de sa liberté.

 

Une séance de yoga enfants

Une séance de yoga enfants repose sur les mêmes principes qu’une séance pour tous·tes : on y explore différents outils et chemins pour mieux se connaître, améliorer l’estime de soi et la confiance, goûter au vivre-ensemble et se relier paisiblement. Les enfants apprennent à reconnaître et à apprivoiser leurs émotions. Ils et elles cultivent la bienveillance et l’empathie mais aussi l’effort, la créativité et la justesse.

En cours, nous alternons par exemple des temps énergiques (délier le corps, nettoyages par le souffle, par le son), des temps de concentration (observation des sens, des ressentis, des émotions), et des temps d’harmonie en lien avec les autres (chant, activités collectives) et en soi.

La sadhana est adaptée aux enfants de manière ludique. Des contes, textes, poèmes, images ou chants peuvent servir de support pour construire la pratique autour d’un thème comme par exemple notre place dans la nature, la bienveillance avec les autres, avec soi-même, l’authenticité, l’intégrité, la simplicité, la liberté, la gratitude, l’enthousiasme, le discernement, la confiance en la vie, mais aussi apprendre à trouver l’équilibre, à accueillir ses émotions, à grandir paisiblement.

Il s’agit de soutenir cette capacité flagrante à vivre dans l’instant, de cultiver la joie qui émane naturellement des enfants. Il s’agit de leur donner quelques clés pour « rentrer à la maison » dès qu’ils en auront envie, c’est à dire se relier à soi.